• Noel et les animaux

     


    bonjour !
    à propos des "fêtes" de fin d'année, vous trouverez sur le site ci-dessous le manifeste de Loen :

    Nous dire qu'il y a des milliers, des centaines de milliers de personnes qui sont des humains au coeur plein d'amour me transportent de bonheur.

    Qu'il en soit de même pour vous.
    Vous pourrez lire à la fin de ce mail, une page que j'ai écrite. Si vous la connaissez, veuillez m'en excuser.


    Nous tous les animaux avons le don magique de sentir que nous existons.
    Les cailloux et les trains, les tubercules et les fruits, ne savent rien de la douceur de l'air et de la caresse de l'eau, ni n'éprouvent l'émotion de se frotter les uns aux autres.
    Mais pour nous, les animaux, la vie peut être belle.
    Ce sera bientôt notre fête ?
    Les guirlandes sont prêtes, et les couteaux, les cages, les gourdins, les cadeaux.
    Bientôt on goûtera plus fort qu'à l'habitude la joie d'être réunis.
    Bientôt pleuvront les coups plus forts qu'à l'habitude.
    Et les « paix sur la terre » et les « voeux de bonheur » vogueront
    tranquillement sur une mer de sang plus large qu'à l'habitude.
    Beaucoup des animaux iront au grand festin : les vivants autour de la table et les morts posés au milieu.
    Car le monde, dit-on, est fait de deux moitiés, l'une née pour régner et l'autre pour périr.
    Joyeux Noël, pour qui ?

    Il y aura des sapins, des gentils Pères Noëls, des crèches avec un boeuf et un petit enfant.
    Le boeuf ne humera ni sapins ni paille.
    Il aura le souffle rauque de la bête qui s'affale ; la vie s'échappera par sa gorge tranchée ; ensuite les Pères Noël partageront sa dépouille avec les petits enfants.
    Pour qui, la bonne année ?

    Bientôt la Saint Sylvestre, la nuit des bons vivants aux ventres de cimetière.
    Porcelets qu'on ampute de la queue et des dents, veaux traînés à genoux vers le dernier voyage, vous tous les mutilés, les emprisonnés, les asphyxiés, les gavés, les électrocutés, les éventrés, à quoi bon vous débattre ?

    Les bons vivants à la voix mélodieuse couvrent déjà vos cris.
    Ils parlent de terroir et de nappes à carreaux, chantent les bonnes mains calleuses (qui tiennent les tenailles, les embucs, les filets), et le talent immense d'exciter les papilles en cuisinant des morts.
    Ou tu parles comme eux ou tu es un peine-à-jouir.

    Pour être de la famille,il faut organiser...
    ... la communion dans le sang !

    Noël ou Nouvel an sans dinde, sans foie gras, sans saumon, sans homard, sans huîtres, sans gibier, sans mousse de canard, sans langouste, sans boudin blanc, sans caviar...
    il manquerait l'essentiel !

    Avoir des invités et n'offrir point de viande, cela ne se fait pas.
    Voyons ce sont nos hôtes, il faut leur faire honneur, leur prouver notre estime, se montrer accueillants !
    Macabre communion au prix d'un sacrifice. Vois combien je t'honore, j'ai immolé pour toi des
    victimes sans compter. Tu es bien mon égal, tu es digne comme moi de moissonner les vies de ceux de l'autre moitié.

    En ces temps généreux, les plus pauvres des élus ne seront pas oubliés.
    Aux réveillons humanitaires, eux aussi recevront leur rondelle de foie gras.
    Puis on les renverra se geler dans les rues, tout oints de dignité.
    Et moi, je me mets où ?

    Moi qui n'ai ni plumes, ni fourrure, ni écailles, je suis par ma figure de la race des saigneurs.
    Comme je voulais leur plaire, qu'ils m'acceptent parmi eux, j'ai fait mine de croire la fable des deux moitiés.
    Je savais tout comme eux savourer le goût du meurtre et rire grassement des cadavres exquis.
    Mais c'est trop cher payer ma place parmi les leurs.

    J'aimerais encore qu'ils m'aiment et pouvoir les aimer, mais je vois trop clairement qu'ils écrasent de sang froid ceux de l'autre moitié, qui sont aussi les miens.
    Plus jamais je ne serai du côté des bourreaux.
    Le jour du grand festin, s'il n'y a que deux camps, je choisis l'autre côté.

    Éventrez-moi vivante comme les autres esturgeonnes.
    Explosez-moi le foie comme aux autres canards.
    Arrachez mes testicules comme aux autres chapons.
    Ecartelez-moi comme les autres grenouilles.
    Ébouillantez-moi comme les autres homards.
    Que vos dents souriantes mettent ma chair en lambeaux comme celle des autres dindes, veaux, chevreuils et saumons.
    Faut-il vraiment choisir entre le pire et le pire ?
    Rejoindre les suppliciés qui vont agoniser, abandonnés de tous ; ou bien les assassins qui poussent vers l'abattoir, la face ricanante qui déjà se pourlèche ?

    Non, non, non, non !
    Je dénonce !
    Je dénonce le médiocre et lâche procédé de mépriser autrui pour mieux se rassurer sur sa propre importance.
    Je dénonce la communauté bâtie sur l'exclusion.
    On peut créer des liens autrement qu'en étant complices des mêmes crimes.
    Oublions l'odieux mythe du monde à deux moitiés, la sinistre machine à fabriquer le malheur.

    Je veux qu'existent en vrai les Pères Noëls gentils, et la paix sur la terre, et la fraternité.
    Que puisse s'épanouir la chaleur animale et la joie d'exister des porcelets joueurs, des canards amoureux et des humains bavards.
    Pour nous tous, les animaux, la vie peut être plus belle.
    Que commence enfin la fête pour de vrai, la fête sans sacrifices !
    Petite histoire de Loen :
    Le 21 décembre 2002, plus de deux cents personnes se sont retrouvées sur la Butte Montmartre à la tombée de la nuit pour protester contre les supplices et la tuerie occasionnés par les repas de fête de fin d'année.
    Elles ont marché silencieusement à travers Paris pendant trois heures, jusqu'au Parvis Beaubourg, en distribuant aux passants le Manifeste de « L'autre moitié ».
    Le défilé était éclairé par des flambeaux et accompagné de tambours. Sur les pancartes et banderoles on pouvait lire : « Vos fêtes reposent sur le sang des bêtes » et « Vos fêtes, nos morts ».
    Le même jour, à Stuttgart, un défilé similaire avait lieu, fondé sur le même manifeste.

    Petite histoire de Loen ­ bis :
    « Loen » n'était au départ que le nom donné un peu au hasard à la liste des organisateurs de l'événement (un anagramme de « Noël »).
    Puis on a pris l'habitude de nommer ainsi la manifestation elle-même.
    Nous avons été tous joyeux lorsque Veggann, l'administratrice de la liste, a découvert que « loen » signifiait « animal » en breton.
    Celine Di


    LA NOIRAUDE
     
     
    “Dis, la Marguerite, tu sais d’où elle vient, cette noiraude ?
    - Non. Je ne lui ai pas encore parlé. C’est la dernière venue, c’est à elle de dire bonjour la première !
    - Oh là là ! Tu es bien fière. Je pense le contraire : nous, on est chez nous, elle, elle ne sait pas où elle arrive. Dis, la Noiraude, tu viens d’où ? C’est drôle, nous on est plutôt blanche et beige et toi, tu es drôlement foncée. Comme disent nos patrons, tu es black. Ne le prends pas mal, mais c’est ce qui est. Tout dans ce monde est diversifié.
    - Il faut m’excuser. Je suis fatiguée. Je suis restée dans le camion de longues heures, sans boire et sans manger.
    - Tiens, pourtant, not’ maître est plutôt gentil.
    - C’est pas lui qui m’amenée. C’est un autre. 
    - Comment tu t’appelles ? Moi, vous avez trouvé, c’est Noiraude.
    - Moi, c’est Marguerite et ton autre voisine, c’est Nicolette.
    - Et le taureau ? Il s’appelle comment ? Qu’est-ce que j’ai eu peur quand je suis arrivée. J’en avais jamais vu. Il a l’air terrible.
    - Lui, c’est Félix. Avec nous, il est gentil (gloussements). T’as pas encore mis bas, alors ?
    - Ho ! si. Mais c’était le véto, comme ils disent, qui nous mettait le sperme congelé dans le ventre. Si vous saviez la douleur que ça déclenche ! Une brûlure effroyable. L’horreur. Mais le pire, c’est quand mon petit naissait. J’avais même pas le temps de le lécher, qu’on me l’enlevait. Qu’est-ce que j’ai pu pleurer. Mon petit était secoué de hoquets. Et c’était à chaque fois pareil. J’ai entendu que la femme du patron avait été aussi inséminée. Mais elle, elle a demandé et son petit, elle l’a gardé. Elle en a de la chance. Mais est-ce qu’elle sait que son enfant peut être comme les nôtres, porteurs de carences et sujets à des maladies nouvelles ?   
    - Tu en sais des choses, la Noiraude.
    - C’est parce que le véto était souvent là. Vous pensez, entre les inséminations, les hormones, les médicaments car on est toujours malade, je les entendais discuter, le patron et lui. Donc ils savaient que nous étions en mauvaise santé et pourtant ils continuaient à nous nourrir en dépit d’une once de bon sens. Ça m’a toujours étonnée. 
    - Çe qui m’étonne c’est quand tu dis que même les femmes subissent l’insémination…  Tu es vraiment sûre ?
    - C’est parce que vous ne savez pas qu’un homme sur deux est devenu stérile, à cause des pesticides et produits tirés du pétrole. Ils disaient qu’il y avait trop d’hormones féminines. Ce n’est pas le cas de Félix, hein ?
    - N’empêche, ma pauvre, tu as bien souffert. Nous, ici, quand on est prête, c’est la fête. Pour Félix, aussi, je te le dis ! Il est tellement pressé que notre patron doit l’aider !! Qu’est-ce qu’on rigole ! 
    - Et vous, on vous le laisse votre petit ? 
    - Nous, on est des vaches pour la viande. Donc, nos veaux têtent jusqu’à l’automne. Par contre, j’ai entendu le véto parler sur l’élevage industriel, le petit tête 2 jours, si je me rappelle bien, pour qu’il ait le colœstrum et puis, il est arraché à sa mère et nourri avec du lait reconstitué : à 3 mois, il doit peser tant, à 6 mois tant. En élevage industriel, à l’automne, le taurillon pèse 300 kg. Puis il est mis en  batterie dans des hangars. Il est prêt pour la boucherie en 1 an et demi, là où il en est nécessaire de 3 en élevage biologique.
    - Mais va, on sait bien où ils vont nos petits, quand le patron ne les garde pas. Direct à l’abattoir.
     Quand on est laitière, comme les copines de l’autre côté de l’étable, il est enlevé quand elles n’ont plus de lait. Elles le voient à chaque traite. 
    - Comment c’est possible ?
    - Vois-tu, les Salers ne donnent leur lait qu’à leurs petits. Pour pouvoir les traire, il faut que leurs petits commencent à têter. Dès que le veau a tiré sur les mamelles, il est arraché de force à sa mère. Tu entendras les pleurs et les plaintes. C’est affreux. Tu comprends bien que si le petit veau tête sa mère, avec quoi les fermiers fabriqueraient le fromage ? Même en bio, c’est comme ça. Le profit avant tout. Tu as entendu parler des OGM, et bien, malgré qu’ils sachent la dangerosité, certains paysans  en cultivent, pour gagner plus d’argent. Et bien sûr, dans les élevages concentrationnaires, les animaux sont nourris avec. Tu sais, Noiraude, bientôt, on finira nos jours tranquilles : les hommes seront tellement malades qu’ils ne nous mangeront plus !
    - Élevées en bio, ils pourront continuer de nous massacrer.
    - Non. Avec la température qui s’élève, l’eau va se faire rare. Et nous, les animaux, sommes les plus gros buveurs d’eau.
    -  Comme la vie est dure. Pourquoi ?
    - Parce que les hommes ne savent pas se nourrir sans “la viande”. Et la viande, pauvre de nous et de nos petits, c’est nous. 
    - Moi, dans le camion, il y avait des vaches élevées dans des étables fermées. Tu parles bien, toi, tu dis concentrationnaires. Elles étaient dans un état épouvantable. Elles ne sortaient jamais. Elles avaient leurs cornes coupées afin qu’elles ne se blessent pas. Certaines m’ont dit qu’elles souhaitaient avoir la maladie de la vache folle, afin d’en finir avec leurs souffrances. Elles sont toujours malades car on leur fait avaler des tonnes d’hormones et autres médicaments. Elles ont ajouté que leur patron achetait de la viande bio. Il savait pourquoi vu toutes les cochonneries qu’il leur faisait avaler. L’herbe broutée dans les prés, on connaît pas. Que de l’ensilage, des farines au goût atroce.
    Ici, vous vivez. Bien sûr, vous savez que la durée de votre vie est réduite. Mais vous vivez. Vous mangez l’herbe des prés. Vous buvez quand vous avez soif. Félix vous honore. On vous laisse vos petits, au moins pendant quelques semaines.
    - Marguerite te dira la même chose : notre patron ajoute régulièrement du Nigari dans l’eau que nous buvons.
    - C’est quoi, le Nigari ?
    - C’est du chlorure de magnésium qui protège des infections. Tu te rends compte ! Pour être bien soignées, on est bien soignées. Mais ce n’est pas par amour. Oh non ! C’est pour que notre viande soit meilleure et se vende super bien et bien chère. Pour que les fromages, le lait, le beurre, les yaourts, les desserts puissent obtenir les mentions reconnues par la bio. C’est tout ! D’amour, point. L’amour ne passe pas par la tuerie horrible dans les abattoits, pas vrai ?
    - Sûr, Nicolette. Pauvres de nous. Quand on aime, on ne rêve que de câlins, d’être proche de celle ou celui pour qui notre cœur bat. Sûrement pas de tuer notre amour. J’ai rencontré une belle normande qui avait à ses côtés une de ses filles, adulte. Si vous aviez pu les voir se lêcher, se frotter le cou mutuellement. C’était tendre, beau. J’en ai encore les larmes aux yeux de vous en parler. Je n’ai jamais vécu une chose pareille. J’en rêve encore presque toutes les nuits.
    - Tu as raison, la Noiraude. Il n’y rien de plus beau que l’amour entre les êtres. Et nous sommes des êtres vivants.
    - Bientôt, les repas des humains seront magnifiquement bons, merveilleux, extraordinaires, flamboyants… tous les jours ce seront des repas de fêtes.
    - Comment ? Comment ?
    - Magnifiquement simple : il n’y aura plus de produits animaux dans les assiettes. Nos amis les humains ne nous considéreront plus comme un produit. Plus de foie gras, plus de steak, plus de hambourger mais une assiette regorgeant des couleurs de fruits éclatants que redonnera l’arbre la saison d’après, des céréales et des légumes Vivants. Que de la Joie et de l’Amour. 

      

    Nicole Kretchmann - Écrivaine, conférencière sur l’alimentation bio, végétarienne et bien associée (ne pas tout mélanger dans son assiette).
    “Au bonheur de bien manger” livret sur l’intégralité de la méthode hygiéniste à 6,70 €  . Port offert.
    Nicole Kretchmann - 845 Ae Mignon - 06750 Thorenc
       nicole.kretchmann@orange.fr    
     T: 04 93 364 410





    =